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Cet article est consacré un match de football, qui fut joué au siècle dernier, il y fort longtemps au Parc-des-Sports antre du Sporting-Club de Nîmes en 1926, exactement le 31 janvier, entre les sélections du Gard contre celle de l'Hérault.

 

Si, je retrace son existence, c'est que dans la sélection du Gard, il n'y pas moins de 7 joueurs du SCN sur 11 (Reynard, Pin, Domergue, Schmidt, Hilpert, Piasetzki et Leperlier), et que dans l'équipe de l'Hérault, certains de ces représentant (4 joueurs) ont déjà jouer au SCN (Dedieu), ou le portera dans le futur (Villaplane, les deux frères Kramer George et Edmond).

 

Le compte rendu de cette palpitante rencontre fut écrit dans le N°125 dans Les Sports du Languedoc, folio 24 du Vendredi 5 Février 1926. Voici le compte rendu :

 

  Equipe du Gard de gauche à droite, debout: Boutel (André), Schmidt, Cornélius, Domergue, Piasetzki, Leperlier, Jourdan, Broghammer (arbitre); à genoux: Stanley, Huot, Hilpert, Reynard (gardien), Seyler, et Pin

 

« Le Grand Match de Sélection de Nîmes »

 

L'HERAULT bat le GARD par 3 buts à 2

Devant une foule considérable, venue de tous les poins de la région ; l'équipe Héraultaise a battu l'équipe Gardoise par 3 buts à 2. Le duel des deux équipes Languedociennes fut des plus courtois et le match obtint un vif succès.

 

Le Match :

 

A 2h.40 Mr Broghammer, arbitre fédéral réunit les joueurs. Il est assisté des Mrs Cambon et Chêne pour les touches. L'équipe du Gard est bien celle annoncée, c'est à dire :

Reynard (SCN) ; Huot et Seyler ; Stanley, Domergue et Pin ; Schmidt, Cornélius, Hilpert, Piasetzki et Leperlier.

Cazals indisponible est remplacé par Clère du S.O.M. La formation de l'Hérault, est dont la suivante :

Henric ; Madère et Hewitt ; Clère, Dedieu, et Villaplane ; Boutet, Skiller, Brunel, Kramer I et Kramer II.

 

L'Hérault joue en maillot bleu et le Gard en maillot blanc.

 

Le Gard donne le coup d'envoi et joue face au soleil. La première offensive est pour le Gard et la défense des bleus doit s'employer ; Hewitt, gêné par Hilpert, doit concéder un corner, botté derrière le but par Leperlier. L'Hérault regagne peu à peu du terrain et Kramer II, servi par son frère, file le long de la touche et centre. Personne n'a suivi et le ballon sort en six mètres. Grâce à sa supériorité de sa quintette d'attaque, dont Kramer I et Skiller sont les animateurs, l'Hérault prend rapidement un certain avantage, d'autant plus facilement que la paire Huot & Seyler ne paraît pas à son aise sur le terrain particulièrement glissant devant les buts de Reynard. Ce dernier arrête superbement un shoot de Kramer aîné. Un coup-franc, accordé pour hors-jeu de Brunel met une attaque Gardoise par Leperlier et Piasetzki que Hilpert termine par un shoot à côté du but ; un bel effort de Cornélius ramène le jeu vers les bois de Henric, mais Hewitt veille et dégage avec à propos. Une attaque très classique, met Kramer I en possession de la balle devant les buts de Reynard d'un joli shoot, ouvrant ainsi le score pour l'Hérault. Peu après à la suite d'une sortie téméraire de Reynard, l'Hérault obtient un deuxième but par un centre de Kramer II trouvant les filets vides.

 

  Les buts de l'Hérault en danger. Villaplane dégage son camp. De gauche à droite: Henric (gardien) masqué par Madère, Villaplane (de dos) et Piasetzki.

 

Domergue et Hilpert permutent et ce changement semble avoir une influence heureuse sur la tenue des blancs, dont les attaques sont mieux terminées. Schmidt servi par Domergue shoote, Henric renvoie. Cornélius déplace sur Leperlier qui centre. Domergue reprenant de volée marque le but pour le Gard.

Le repos survient sans autre changement.

 

La deuxième mi-temps débute favorablement pour le Gard, dont les arrières ont retrouvé tous leurs moyens. Pendant un quart heure l'Hérault est dominé, mais les avants Gardois se montrent hésitants à shooter et perdent ainsi le bénéfice de belles occasions de scorer. Hewitt envoi en corner une balle pressante, sur passe de Domergue à Leperlier, celui-ci essaie in cross shoot qui échoue de justesse.

 

L'Hérault se reprend et vient menacer Reynard. Ce dernier arrête magistralement deux shoots de Kramer aîné. Sur coup-franc botté par Hilpert, Domergue tente le but, mais la balle passe au-dessus ; sur faute de Hewitt, un penalty est accordé au Gard. Seyler le tire et obtient le deuxième et dernier point (but) pour le Gard.

 

  Une situation critique pour le Gard: Seyler s'apprête à dégager. On reconnait de gauche à droite: Boutet, Seyler, Reynard (gardien), Skiller, Brunel, et Huot

 

Le jeu devient plus lent, chez les Gardois surtout, le laisser aller est exaspérant. Le résultat ne se fait guère attendre et un shoot de Kramer donne à l'Hérault le gain du match. Quelques réactions Gardoise ramènent le jeu devant les buts d'Henric qui bloque un shoot de Piasetzki. Un centre de Schmidt est également détourné par le keeper Héraultais. La fin approche, Domergue, Hilpert et Cornélius se distinguent, mais la marque ne changera pas. Le coup de sifflet final laisse l'Hérault vainqueur par 3 buts à 2.

L'article est signé Mr Brouquier.

 

S'en suivit : Comment ils ont joué :

 

Mon sympathique ami Brouquier vous ayant d »écrit avec sa compétence et sa précision habituelles les différentes phases de la partie, je suis obligé sur l'ordre du capitaine Pizoard de vous dire quelques mots sur chacun des 22 as, qui évoluèrent dimanche. Tout d'abord, il me semble tout naturel de féliciter les deux équipes pour la correction et la courtoisie de leur jeu.

 

Passons en revue, maintenant, si vous le voulez bien, la pléiade d'étoiles qui formaient les deux teams.

 

Des deux goals, Reynard se trouva certainement dans des situations plus dangereuses que son vis-à-vis, il s'en tira d'ailleurs fort bien avec son brio habituel, tout au plus, peut-on lui reprocher sa sortie un peu tardive, lors du 2e but marqué par l'Hérault.

 

Henric fit avec beaucoup de calme de très jolies choses, son jeu moins spectaculaire que celui de son vis-à-vis est aussi efficace et son blocage parfait.

 

Les arrières : des 4 backs opérant dimanche, le meilleur fut certainement Hewitt, qui nous montra toute sa maîtrise dans l'art de l'interception. Le grand blond fut comme toujours « le meilleur sur le terrain » et il est certain, qu'il ne doit pas naître tous les jours des phénomènes dans son genre.

 

Après lui, Seyler, fournit une très belle partie et joua avec un cœur admirable, il essaya en 2e mi-temps, surtout de faire un bon football et ses dégagement très justes trouvèrent souvent l'homme démarqué.

 

Huot, mal en train au début, ne fournit pas sa partie habituelle, et ne peut être jugé sur son exhibition de dimanche, il revient bien en 2e half et eut quelques reprises de volées et deux retournés qui lui redonnèrent les faveurs du public.

 

Madère, jouant très sobrement, se montra très sur dans les arrêts de dribbling, aussi bien que sur les balles hautes, comme les deux arrières du gard, il fut en évidence au 2e half qu'au premier.

 

Les demis : des demis le plus actif fut Dedieu, qui se dépensa énormément, mais dont les services auraient gagné à être plus précis, très athlétique et bien en souffle, il parut le meilleur des six.

 

Hilpert, passé demi-centre après 20 minutes de jeu, montra qu'il était bien le grand joueur, mais il a besoin, semble-t-il, d'un peu d'entraînement. Son service très judicieux et quelques unes de ses combinaisons en profondeur avec Domergue, furent d'une netteté indiscutable.

 

Stanley, très allant, fut satisfaisant en général, il fit en attaque une très belle parti, parut moins bon en défense, malgré une très bonne compréhension du jeu, il manqua un peu d'entente avec ses arrières, tout comme Pin.

 

Pin, qui joua constamment à toute allure, mais délaissa en première mi-temps surtout, l'ailier qu'il avait à surveiller, très bon sur la balle, sans cesse en action, il attaqua et défendit dans un style bien personnel et efficace.

 

Villaplane, joua très gentiment en dilettante, sans mal jouer pour cela, mais il nous sembla bien qu'il ne poussait pas à fond, se laissant prendre assez souvent de vitesse par son adversaire direct.

 

Clère (ou Clerc), qui remplaçait Cazals, fit une très bonne partie et sans faire d'étincelles, il tint très honorablement sa place ne déparant en rien la belle formation Héraultaise.

 

Les avants : la ligne la meilleur sur le terrain, fut sans conteste la quintuplette offensive des bleus (Hérault), et ceci beaucoup plus à cause de sa cohésion qui fut parfaite que par la valeur de ses individualités.

 

Kramer I, comme Hewitt à l'arrière se montra un super-as, il nous fit admirer la finesse de son dribbling incomparable et sa science consommée du jeu, cependant il délaissa un peu les déplacements vers la gauche pour lancer constamment son frère.

 

Après lui Skiller, fut un des plus en évidence, un contrôle parfait de la balle, des shoots puissants et beaucoup d'à-propos.

 

Domergue (photo), passer centre-avant, redonna à la ligne Gardoise, un allant et une entente qu'elle était loin de posséder au début, le but qui marqua en reprenant de volée fut un des modèles du genre.

 

Fernand Brunel dit Nanan, moins en évidence que ses deux inters, montra cependant sa très grande classe en combinant avec eux d'une façon magistrale, eut peu d'occasions de placer son shoot, qui est pourtant magnifique.

 

Cornélius se dépensa sans compter, mais aurait certainement mieux joué comme ailier, jouant très consciencieusement, il fut peut-être l'un des fowards les plus actifs, cependant son avec son ailier ne fut pas parfaite et beaucoup de services furent interceptés.

 

Schmidt à aile-droite, fit de bonnes choses, mais aurait pu mieux faire semble-t-il, si on considère ce dont il est capable. Des beaux déboulés, mais peu de centres précis comme en fit Boutet.

 

Boutet (Désiré, photo) qui jouait ailier-gauche pour l'Hérault, joueur très vite, captant les balles les plus difficile avec facilité, le jeune Désiré a fait de grand progrès à l'école de Skiller.

 

Leperlier, très bon ailier se démarquant à merveille et centrant très correctement, quel dommage que se trouvant souvent bien placé, il ne puisse ou n'essaie pas de conclure lui-même.

 

Kramer II (ou III suivant le moment écrit) possède de beaux moyens, très rapide et s'entendant à merveille avec son frère, joua dimanche une très belle partie.

 

Piasetzki, quoique se dépensant beaucoup, parut fatigué et manqua de ressort, ne fut pas très heureux dans ses shoots qui manquèrent de leur précision habituelle.

 

Ouf !! ça y est ! Finie la distribution de fleurs et de pommade au poivre, pourvu qu'il n'y ait pas trop de jaloux, c'est tout ce que je demande, aurai-je trouvé assez d'excuses pour ceux qui peut-être auraient pu mieux faire ? Je l’espère. De toute façon, j'ai fait tout mon possible, que les mécontents se disent bien, je suis capable de m'être trompé où que j'ai mal vu, ce qui serait fort possible, car la carrure imposante de Right-Back me cachait parfois le terrain de jeu.

L'article est signé O. Balcon

 

  Equipe de l'Hérault, de gauche à droite, debout: Avesque, Dedieu, Chêne, Hewitt, Villaplane, Henric, Madère, Broghammer (arbitre), Teissier. A genoux: Vergnette, Kramer III, Kramer I, Brunel, Skiller, Boutet (Désiré).

 

La suite de l'article peut être mis, soit avant où après la rencontre de ce match, je l'ai mis après et en voici sa teneur.

 

Ce Fut un succès....

 

On doit même ajouter un succès magnifique. Et, certes, sans craindre la controverse, on peut également affirmer, suivant le cliché classique, qu'il a dépassé les espoirs les plus optimistes.

 

Jamais, en effet, depuis sa création, le Parc-des-Sports de Nîmes n'avait connu pareille affluence. Jamais foules semblables n'avaient garnis ses touches, jamais pareilles grappes humaines juchées sur les arbres, les toitures des maisons environnantes et celles des tribunes n'avaient aux yeux des fidèles habitués, offert une parure aussi mirifique. Et, en battant le record des affluences, le second Hérault-Gard battit le record de recettes.

 

Ce fut un succès magnifique !!!

 

La foule, heureuse, applaudit frénétiquement les phases d'une réelle pureté que les dessus de panier s'appliquèrent à facturer. Et la façon par nous prévue comme productive pour nos jeunes espoirs fut donnée dans une atmosphère de cordialité et de courtoisie qu'il convient de souligner. Pas une ombre, pas un anicroche, si infime soit-il, n'est venu troubler l'éclat de cette fête majestueuse de la non moins majestueuse Balle Ronde !

 

Une seule défection (involontaire) fut enregistrer dans le team de l'Hérault, avec l'absence du Cettois Cazals. Mais, l'équipe des vainqueurs de 1925 confirmât, malgré ce, sa supériorité en 1926.

 

Les Héraultais donc, avec 3 buts à 2, inscrivent une deuxième victoire de l'Hérault au palmarès de l'annuel Gard-Hérault. C'est bien ! Cependant, il semblait que le Gard prendrait sa revanche étant supérieur territorialement souventefois.

 

Ne chicanons point. Le résultat importait peu. On sentit, du reste, que les équipes désiraient plutôt d'exhibitionner que scorer. Et cela ne plait guère aux amateurs de la marque. Il y eut du ralentit. Mais, dans l'ensemble, la partie tint ce qu'elle promettait. Ce que peut tenir et promettre un match dit de sélection, c'est-à-dire un football conçu dans les règles de l'art, par les individualités plutôt que par la cohésion complète du « onze ». Celle de l'Hérault fut plus soutenue que celle du Gard, bien que pas très parfaite dans cette formidable quintelle d'attaque où les intérieurs négligèrent leur centre-avant, perdant ainsi le bénéfice d'une marque plus élevée.

 

Et le ton, nous sommes heureux de le répéter, resta amical entre les deux équipes de bout en bout. L'arbitrage magistral de Mr Broghammer, fort bien secondé par Mrs Cambon et Chène, y contribua pour une large part.

 

Le public lui-même applaudit « les blancs » ou « les bleus », avec une impartialité en tous points remarquable. Et nous l'en remercions.

 

Comme nous remercions bien sincèrement les autorités civiles et militaires de la ville de Nîmes qui présidèrent la fête. Monsieur le préfet du Gard, Monsieur le Maire de Nîmes et Mr le Général Ducros, Commandant la Xve Région d'Artillerie, qu'assistèrent Mr Abelly, Président de la Ligue, entouré de Mrs Vialat, Président du District du Gard et Sarran, Président du District du Languedoc.

 

Après le match un apéritif d'honneur réunit en la Salle du District du Gard, officiels et joueurs, Mr Vialat ouvrit le toast suivit de Mr Teissier, pour le Languedoc, Mr Abelly, pour le Sud-Est. La fantaisie, la verve et l'humour de notre ami et confrère Gambaderla, terminèrent cette inoubliable journée dans la gaîté la plus parfaite, resserrant ainsi les liens d'amitié entre les enfants de notre grande famille Languedocienne dont nous pouvons, à juste titre, être fiers de son glorieux passé sportif et confiants dans l'avenir.

 

Et, en prenant sa place dans l'histoire sportive, le Hérault-Gard, formidable instrument de propagande, a assuré à la Balle Ronde, une nouvelle victoire.

 

Bravo donc !... Et à l'année prochaine.

L'article est signé Léon Pizoard.

Texte et photo reproduit par Denis Cazorla

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